L’histoire est toujours intéressante en ce qu’elle éclaire le présent. En 1844, ce n’était pas un minaret qui offusquait le curé de Loubès Bernac mais un temple rebâti dans son bon village. Le minaret -pardon le temple- pesait bien lourd sur son cœur comme il l’écrit à son évêque. Bien sûr ce temple était peuplé « d’étrangers » pensez donc ils venaient de Tonneins ! Pour être étranger et rejeté, il suffit de bien peu de choses, juste un peu de différence ou de distance. Heureusement regardez aujourd’hui la suite de l’histoire : le temple est de nouveau en ruine et l’église accueille des concerts et des offices pour les morts le plus souvent. Alors le minaret…
Originaire du Villeneuvois, le chanoine Durengues (1860-1948) publia de nombreuses études d'histoire religieuse locale. En outre, il laissa une histoire manuscrite de toutes les paroisses du diocèse d'Agen qu'il légua aux Archives départementales.Vous pouvez les consulter sur internet :
http://www.cg47.fr/archives/documents/Durengues_infos/Durengue_.htm
Je vous livre l'anecdote suivante qu'il rapporte au chapitre concernant Loubès-Bernac
"Les protestants avaient à Loubès un temple qui fut démoli par arrêt du Conseil d’Etat obtenu à la requête de Ch Joly le 7 mars 1621 (Mémoires du clergé de France n1 p. 1346). En 1680 et cela dura jusqu’à la Révocation de l’Edit de Nantes, « le service personnel de la religion P R (Prétendue Réformée Note du rédacteur) se faisait au château de Théobon chez le seigneur du lieu et les hérétiques y assistaient en nombre » (Verbal de Mascaron). Le temple démoli fut rebâti sur le même emplacement vers le milieu du XIXe siècle. Le 2 janvier 1844, un curé de Loubès, M. Veau, écrivait à l’évêque : « L’année dernière au commencement de mars, Messieurs les Protestants de la contrée se réunirent ici, sur la convocation de M Léon Larraguère, membre du Conseil Général et le bruit courut qu’ils avaient arrêtés entre eux de faire bâtir un Temple pour leur culte… Depuis, il paraît qu’on a obtenu quelques fonds du Gouvernement et après avoir surpris la signature de quelques membres municipaux pour avoir l’emplacement de l’ancien temple qui fut rasé dans le XVIIe siècle, ils se proposent de mettre la main à l’œuvre incessamment. Déjà les affiches ont averti du jour de l’adjudication des travaux. C’est le 14 du courant que le maire doit y procéder… L’inauguration se fit au mois d’octobre suivant. Dans une lettre 1844 du même au même, on relève les détails suivants : à force de battre les haies on avait fini par remplir le nouveau temple qui n’était pas le temple de Salomon. L’assistance était surtout composée d’étrangers d’autant que la commune ne comptait que 90 protestants sur 1200 catholiques. De ceux-ci aucun n’a déserté l’église, les conseillers municipaux quoique personnellement invités par le Diacre de Tonneins s’abstinrent. Seuls le maire et l’adjoint se rendirent à la cérémonie pour obéir au devoir de leur charge. Il y eut une dizaine de ministres dont trois prêchèrent. Le curé terminait ainsi sa lettre. « Le temple pèse lourdement sur mon cœur et je ne puis me livrer à une joie entière ni me rassurer complètement quand je pense que pour chétif qu’il soit, il est là comme une digue pour retenir le protestantisme qui s’en allait avec rapidité ».
1 commentaire:
Nous n'avons rien contre les minarets qui sont -somme toute- aussi respectables que nos clochers. Toutefois, ils ne font pas partie de notre histoire, de nos racines, ni de notre paysage culturel.
Ils existent des Pays de culture et de racines islamiques mais nos racines sont judéo-chrétiennes.
On peut toujours dénoncer, et critiquer certaines prises de position de l'Eglise catholique au XIXeme siècle et évidemment au cours des siècles précédents, mais il ne faut pas porter de jugement à l'aune de nos connaissances et valeurs actuelles.
Marie-Eve & Bernard Merle-Blondeau
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