14 juillet 2006

LE 47 A BICYCLETTE
Jacques Testet est une perle rare :



13/07/2006. Cet article est extrait du site www.sudouest.com Droits de reproduction et de diffusion réservés. Copyright Sud Ouest 2003. Usage strictement personnel.

il immerge des bouteilles de vin dans l'océan pour lui donner un goût inimitable Une bouteille à la mer
:Arnaud Dejeans


Jacques Testet est un viticulteur qui navigue à contre-courant PHOTO A.D. (malheureusement la photo ne s'affiche pas : consulter le journal)

On aurait pu croire à un fait divers : au printemps dernier, un ostréiculteur des Sables d'Olonne a retrouvé 240 bouteilles de vin blanc « made in » Côtes de Duras en parfait état au milieu de ses parcs à huîtres. Mille sabords ! Mais comment est-ce possible ? Il a fallu mener une enquête minutieuse pour en savoir un peu plus : des dealers de Sauvignon auraient-ils camouflé leurs caisses de vin dans l'eau salée, au milieu des algues et du varech ? Ou bien ces huîtres seraient-elles devenues des coquillages alcooliques ? Ces pistes ont malheureusement dû être abandonnées après un interrogatoire musclé du propriétaire du parc à huîtres. « Je vous jure que c'est vrai ! J'ai passé un accord avec un producteur des Côtes de Duras qui voulait faire mûrir son vin dans mes parcs. Il paraît que ça donne au produit un goût un peu iodé. » Le viticulteur a confirmé. Effectivement, depuis quelques années, Jacques Testet qui possède quatre hectares de vignes à Soumensac dans le Nord du département, immerge une infime partie de sa production dans l'océan. Sa « Cuvée des Sirènes » est facilement reconnaissable : des coquillages tapissent les bouteilles de sauvignon blanc, effet collatéral d'un séjour de trois mois dans ces caves subaquatiques. Un coup marketing ? « Ce n'est pas une lubie esthétique. Ce vin a vraiment du caractère. Contrairement à certains producteurs qui font vieillir leur vin au fin fond de l'océan (il paraît que ça se fait aussi, ndlr), j'ai décidé de jouer avec les marées », décrypte le producteur. Les rasades d'eau salée (marée haute) se succédant aux heures de bronzette (marée basse), le vin subit ainsi des chocs thermiques (le produit oscille entre 15 à 35øC plusieurs fois par jour). « Cela libère les arômes du vin », assure Jacques Testet qui part une fois par an aux Sables d'Olonne pour rejoindre son ami ostréiculteur. Les puristes ont le droit de faire la moue : ce n'est pas parce qu'une entrecôte saignante se déguste avec un bon verre de rouge qu'on fait mûrir les bouteilles de Bordeaux dans le foin des étables... Mais ce vigneron d'un autre genre se défend : « J'ai mis des années à mettre au point cette technique. En mars, je dépose mes bouteilles dans les parcs à huîtres. Je les récupère en juin » Production confidentielle. Jacques Testet n'est pas qu'un apprenti sorcier. C'est aussi un ardent défenseur de la vinification à l'ancienne, du ramassage à la main et de la macération longue. Un puriste dans ce milieu « qui s'uniformise et qui subit la dictature du marché », répète-t-il à l'envi. Jacques Testet a toujours défendu l'authenticité de ses produits. Et pour lui, immerger une petite partie de sa production dans l'océan, c'est comme jeter une bouteille à la mer avec un message. Cette expérience originale ne représente qu'une goutte de vin dans l'océan. Avec une production annuelle de 240 bouteilles de la « Cuvée des Sirènes », les bouteilles recouvertes de coquillages ne risquent pas d'inonder le marché. L'histoire ne dit pas par contre si son ami ostréiculteur a l'habitude de déposer une partie de sa production d'huîtres au milieu des pieds de vigne des Côtes de Duras pour que ses coquillages s'imprègnent d'arômes de sauvignon. Domaine de Chauffour, AOC Côtes de Duras, « Cuvée des Sirènes » : 10 . Contact au 05.53.93.85.46. Points de vente à Soumensac ou à Saint-Pardoux Isaac.
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