06 octobre 2006


La résistance à Soumensac
Mariens Borcy, membre du réseau Buckmaster, nous a rapporté quelques faits relatifs aux activités du réseau à Soumensac et dans les environs pendant la guerre. Ces informations ont été complétées par une lecture du livre de Bergeret "Messages Personnels" publié en 1945 Editions Bière


Dans cette région, les mouvements de résistance étaient nombreux et variés : Armée Secrète (AS), Francs Tireurs partisans (FTP), Intelligence Service (dont dépendait le réseau Buckmaster) notamment.

Le responsable du secteur qui s’étendait entre Soumensac, Loubès-Bernac, St Jean de Duras, Pardailllan et Eymet pour l'AS était Jean Dufour, carrier à Saint-Jean de Duras. Il travaillait en liaison avec Philippe de Gunsbourg, alias Philibert ou à cette époque Edgar qui s’occupait lui d’une région plus vaste : Dordogne Sud Lot & Garonne Nord et dépendait de Hilaire, officier britannique de l'Intelligence Service pour le Sud-Ouest dont le QG était à Condom (Gers). Philibert avait un rôle central. C'est lui, qui, en liaison avec l'Angleterre, organisait des reconnaissances de terrains, choisissait ceux-ci, organisait les équipes locales, réceptionnaient les parachutages, faisaient passer les messages, répartissait les parachutages : armes, matériels, etc.

"Dès que les résistants avaient trouvé un bon terrain de parachutage et l'avaient nettoyé, ils le signalaient, et Philibert, spécialiste de ces opérations, venait le visiter. Il fallait que ce terrain mesurât de 200 à 300 mètres de large sur 400 mètres de long, sans maison, bosquets d'arbres, ni cours d'eau, sans voisinage fâcheux, ni voisin indiscret. Quand toutes ces conditions étaient remplies, Philibert homologuait le terrain et transmettait à Londres par les soins d'Annette, radio d'Hilaire, les renseignements sur sa position. A ce m:oment, on attribuait un message au terrain. Dans la période lunaire qui suivait, il fallait écouter tous les jours la radio et, le soir où le message passait, aller sur le terrain." (Bergeret op. cit. pp 65 et suivantes) "Ces parachutages étaient constitués d'une dizaine de tube de 1,80 mètres de longs pesant chacun environ 200 kilogrammes. Sur le tube, un numéro indiquait le contenu : A1 = 3 mitraillettes ; B2 = 10 grenades et 2 mitraillettes ; E1 = explosifs, etc." Il fallait tout évacuer et camoufler dans la nuit.

D’après Mariens Borcy, le réseau a récupéré une quinzaine de parachutages dans la région de Soumensac entre 1943 et la Libération. Plusieurs ont eu lieu aux environs de la Peyre du Bosc et un sur la route de La Boissière, propriété de M. Lespine, lui-même membre du réseau. Un terrain de récupération, en cas d’échec du premier parachutage, était prévu dans la région de Domme.

A la fin de l’année 1943, au cours d’une opération à La Ragotte, à Saint Pierre au bas de Duras, les allemands sont intervenus suite à une dénonciation. Le chauffeur du camion de Jean Dufour qui participait à l’opération a été tué. Deux autres participants Darthial et Gabara, blessés, ont été achevés par les allemands. Les allemands ont effectué une descente à St Jean de Duras deux mois après pour rechercher Jean Dufour en vain. Celui-ci avait quitté Saint-Jean de Duras avec sa femme pour venir se réfugier chez les Borcy. Ils sont ensuite repartis sur Saussignac.

En juillet 1944, Philibert à la demande d'Hilaire, son chef, quitta Bergeret, responsable de Dordogne Sud et organisa un commando en Lot et Garonne notamment composé de la section d'Eymet, commandée par le jeune Alessandri. C'était une section très forte d'environ 400 hommes avec un officier américain, Austin, et Comte, de son véritable nom Lecompte, qui avaient été tous deux parachutés en Dordogne. Ils étaient installés au lieu-dit du Pradou (commune de Soumensac). Plus tard, le commando a investi le château de Soumensac qui était alors la propriété de Pierre Cathala, ministre de Vichy. J'ignore les rapports avec le commandant Zedde qui avait organisé sous les ordres de Bergeret un état-major et une troupe à Cogulot ; celle-ci prit part aux combats de Sainte-Foy la Grande en août 1944.

Le maquis, sous les ordres de Bergeret, a participé aux opérations sur la région de Bergerac notamment, pour accréditer l'idée selon laquelle 2 terrains d’atterrissages étaient maintenus disponibles en cas de débarquement. Cette information habilement communiquée a obligé les allemands à fixer des blindés dans la région qui n’ont pas pu aller sur le front. L’une de ces colonnes a malheureusement écrasé Creysse Mouleydier

Bergeret, de son vrai nom Maurice Loupias, a été nommé sous-préfet de Bergerac à la Libération.
Les principaux membres du réseau Buckmaster à Soumensac étaient Mariens Borcy, Gaston Bardes, Lespine, Dufour...

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