04 septembre 2009

Pour un lycée Marguerite Duras à Saigon

Lettre de Fabien Giard du comité de soutien au lycée marguerite Duras à Saigon

1) La plus remarquable est sans doute l’adhésion à notre mouvement d’Emmanuelle Riva, qui a incarné le rôle principal du film culte Hiroshima mon amour. Comme chacun sait, ce film d’Alain Resnais est un des chefs d’oeuvre du cinéma français, et tire une grande partie de sa force des dialogues magnifiques de Marguerite Duras, et d’un scénario étrange et douloureux, conçu par elle également, où la double intrigue de Nevers et d’Hiroshima permet de mettre en parallèle la douleur de tout un peuple et la douleur d’une simple femme... Double martyre dénonçant l’oppression à quelque échelle qu’on la mesure, celle des ciseaux vengeurs de l’après-guerre ou celle de la nouvelle bombe qu’on essayait sur les vaincus... (Signalons d’ailleurs que l’année 2009 correspond au cinquantenaire de ce film, événement qui au Japon donne lieu à un colloque organisé en l’honneur de Marguerite Duras, à l’université de Tohoku, Sendai...) Je remercie donc très vivement Emmanuelle Riva du soutien qu’elle nous apporte, ainsi que Mme du Pasquier qui a su la contacter et obtenir son adhésion.

2) Le nombre de signataires s’élève aujourd’hui à 264 (et le nombre d’inscrits au groupe facebook « pour un lycée Marguerite Duras à Saigon » à 177) - soit près de 60 de plus qu’il y a un mois... Parmi ces nouvelles signatures (je m’excuse de ne pas toutes les mentionner) je remercie en particulier Hélène Bamberger, photographe qui a longtemps travaillé avec Marguerite Duras et grâce à qui il nous reste de très belles photos de ce « visage détruit ».

3) Je remercie également Pierre Assouline, Thierry Savatier, Sylvie Prioul, qui ont relayé l’appel à signatures dans leurs blogs respectifs du Monde ou du Nouvel Observateur, et me réjouis grandement de la signature de Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur...

4) On m’a signalé que je faisais peut-être preuve d’angélisme dans mon argumentaire en faveur de Duras, sur la question de l’anticolonialisme, qui n’a pas été aussi immédiat que je le laissais entendre... j’ai donc aménagé le point 6 de mon texte en conséquence... travailler, disait Michel Foucault, c’est entreprendre de penser autre chose que ce qu’on pensait avant... néanmoins, même en tenant compte des réserves que l’on doit aux faits (cette fameuse et mystérieuse cosignature de l’Empire colonial), il me semble que cela n’entame pas l’effet que produit l’oeuvre, l’oeuvre proprement dite, qui est à mon sens un effet éminemment moral, mais d’une morale qui serait comme le cri de la chair et non le résultat d’une pensée abstraite ou d’une idéologie... Marguerite Duras est tout le contraire d’une idéologue, son oeuvre parle bien plus haut, et l’attaquer sur le plan de ses erreurs et tatonnements idéologiques, puisqu’elle en a eu comme tout le monde, c’est finalement parler d’autre chose, parler dans le vide d’un débat d’opinions, parler de l’auteur peccable tout en restant sourd à la parole de l’oeuvre, la seule qui compte... je m’exprime sans doute confusément mais la chose est très claire en moi : certaines prises de position de Peter Handke, par exemple, me laissent parfaitement indifférent, ou plutôt ne m’intéressent pas (là où d’autres s’en scandalisent) car son oeuvre admirable, seule, me parle... ou pour prendre un exemple encore plus extrême, je peux lire Céline...

5) bref...

6) je remercie une dernière fois tous les nouveaux arrivés sur notre liste de soutien, parmi lesquels vous trouverez aussi l’arrière petit-fils de Victor Segalen, que j’ai croisé par hasard à Paris... Comme il y a un lycée Victor Segalen à Hong Kong, espérons qu’il y aura un jour un lycée Marguerite Duras à Saigon... Je vous tiens au courant

fabien giard

Ajouter votre nom à la liste de soutien en envoyant simplement un mail (indiquant nom, profession, lieu de résidence) à :
fabgia@free.fr

Aucun commentaire: