Dans son rapport annuel, la Cour des comptes dénonce le montage financier de ce « compteur intelligent » et les faibles gains pour l'usager.
À qui profitent les nouveaux compteurs Linky ? A Enedis (ex-ERDF, filiale à 100 % d'EDF), mais certainement pas aux usagers, du moins pour l'instant. Ce constat sévère, ce n'est pas l'association de défense des consommateurs UFC-Que choisir -- en guerre contre Linky depuis des années -- qui le dresse, mais la Cour des comptes. Les sages de la rue Cambon, qui rendaient public leur rapport annuel mercredi matin, ont tiqué sur plusieurs points.
Enedis en profite bien. Alors que huit millions de compteurs « intelligents » Linky sont installés, le remplacement des 31 millions de vieux compteurs doit continuer jusqu'en 2024, à raison de 28 000 compteurs par jour actuellement. Coût : 5,7 Mds€. Mais le montage financier mérite qu'on s'y arrête. Car Enedis, qui avance l'argent pour l'instant, se remboursera — avec intérêts ! — dès 2021 auprès des usagers, par des augmentations de leurs factures. Au passage, selon le calcul de la Cour des comptes, Enedis empochera « une marge » de 500 M€. Un joli bonus !
L'usager n'y comprend rien. « Les coûts de pose des compteurs ont été optimisés, mais cette optimisation a été faite au détriment de la communication avec les usagers », fustigent les magistrats financiers. Avec un temps de pose moyen de trente minutes, dur dur en effet de faire de la pédagogie auprès des utilisateurs... Dommage, car ce sont justement «les gains que les compteurs Linky» doivent permettre «qui justifient l'importance de l'investissement réalisé», s'agacent les sages de la rue Cambon. Enedis, dans sa réponse, vante d'ailleurs les mérites des nouveaux services Linky : «A sa demande, le client peut suivre sa consommation sur Internet [...] ou sur son téléphone mobile. Il peut ainsi maîtriser sa consommation d'électricité.» Sans doute, mais encore faudrait-il prendre le temps de le lui expliquer ! Voilà ce qui explique peut-être que seulement 3 % des ménages nouvellement équipés acceptent dans les faits de transmettre leurs données de consommation (ou « courbes de charge »), avoue Enedis à demi-mot.
Un soutien pour UFC-Que choisir. Il n'en fallait pas plus pour faire bondir UFC-Que choisir, ravie de trouver pareil soutien du côté de la Cour des comptes. « Les conditions de rémunération d'Enedis sont trop généreuses [...] et les bénéfices annoncés pour les consommateurs sont loin d'être atteints », fustige l'association de consommateurs. De quoi également ravir les quelque 350 communes qui s'opposent par tous les moyens, comme des collectifs locaux ou citoyens, au déploiement de Linky sur leurs territoires.
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