Un hommage sera rendu à André David au cours d'un récital de piano exceptionnel donné par Geneviève IBANEZ dans l'église de Monbos (Dordogne) (voir l'affiche ci-dessous) dimanche 27 juillet à 17 heures, à côté de Soumensac, le pays de ses parents et celui de son enfance.
Renseignements et réservations au 05 53 58 80 73 ou 05 53 58 48 16
Monographie extraite du programme du concert :
André David est mort à Paris le 5 Juin 2007.Il laisse un catalogue important et diversifié malgré une volonté de ne prendre en compte que les œuvres écrites à partir des années 70. C’est, en effet, le moment où s’affermit sa vocation de compositeur, portée par un travail régulier et approfondi, après de longues années principalement consacrées à l’exercice de la médecine.Il était né le 22 février 1922 à Alger, dans un milieu où les arts et la littérature se voyaient reconnaître une place éminente. Son père, Maurice David, fut une figure respectée du monde universitaire, apprécié autant pour sa droiture de caractère que pour sa vaste culture. Sur ce double aspect des choses il n’est pas indifférent de savoir, par exemple, qu’il s’était opposé pendant les années de guerre, aux ordres d’exclusion des instituteurs juifs et communistes, et qu’il avait,par ailleurs, entretenu une correspondance avec divers écrivains, notamment Montherlant, Mauriac, Jules Romain et Paul Valéry. Son amitié avec Darius Milhaud offrit à son fils un premier contact mémorable avec le monde de la musique. Enfin parmi les réalisations de ce militant de l’éducation républicaine il faut noter la création, aux côtés des compositeurs Henri Barraud et Robert Planel, de la Maîtrise de la Radiodiffusion Française. On ne s’étonnera pas que, dans un tel contexte, André David ait développé une personnalité d’une intégrité exemplaire, marquée par un intérêt passionné pour l’art moderne sous toutes ses formes : la musique et la littérature, mais aussi la peinture dont il suivit attentivement l’évolution tout au long de sa vie.Les premières années c’est la lumière méditerranéenne : Tunis et Alger puis, au gré des affectations de son père, diverses villes universitaires dont Carcassonne. C’est, enfin, le retour à Alger au moment de l’adolescence et du baccalauréat. Cependant, le refus d’obéissance aux directives de Vichy et le limogeage de Maurice David déterminent un retour forcé et définitif en métropole. André David s’inscrit à la faculté de médecine de Montpellier et poursuit en parallèle ses études musicales au Conservatoire de cette ville sous la direction du compositeur, Grand Prix de Rome, Maurice le Boucher. Une brillante exécution de Liszt lui vaut un premier prix de piano. Cependant, pour échapper au S.T.O., il passe l’année 1943 dans la clandestinité, en Haute-Savoie. La fin de la guerre c’est la nomination de Maurice David à Paris et, pour son fils, la férule de Noël Gallon, grand professeur - Olivier Messiaen reconnaîtra sa dette à son égard - et, aussi, homme terriblement jaloux de ses prérogatives.En 1948, André David commence une carrière de pneumologue et, à ce moment là, épouse Monique Sauvegrain (1926-1973), peintre, ancienne élève d’Yves Brayer. On aurait tort de considérer cette époque où il mena la vie active d’un médecin parisien comme une période perdue pour sa vocation première. Le piano restait quotidiennement un compagnon fidèle, avec plusieurs exécutions en concert. Il ne fait pas de doute que la mise en état de veille des projets de création fut aussi une manière d'en préciser les enjeux. Les deux piliers: musique et médecine de cette existence étaient appelés à connaître une modification et un nouvel équilibre. La musique allait peu à peu revenir au premier plan et le moment de retrait de la vie médicale devait sonner, en réalité, l’heure d’un nouveau départ.En 1975 André David épouse Pierrette Germain, musicologue, professeur et productrice à Radio-France. Elle écrit pour lui poèmes ou livrets et, de cette collaboration, naîtront plusieurs œuvres : des mélodies, la cantate La Mère et le Roi et l’oratorio Le Chêne de lumière.L’importance et l’ambition des pages pour piano ne surprennent pas quandon sait que l’auteur pouvait se montrer aussi habile que ses interprètes à mettre en valeur les possibilités infinies du clavier exploré dans sa dimension polyphonique, orchestrale et virtuose. Des duos et diverses formations à effectif réduit (certaines d’une instrumentation audacieuse) témoignent d’une maîtrise d’écriture qui doit beaucoup à une pratique de la musique de chambre ininterrompue depuis l’enfance. Plusieurs partitions symphoniques, l’opéra Rodolphe, ou encore, à l’opposé de la riche palette orchestrale, une pièce pour violon seul (Monisme) donnent la mesure du spectre très large de sa création.S’adressant au compositeur lorsqu’il lui remet en 2004 les insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et Lettres, Charles Chaynes évoque « ...de grands souvenirs qui émergent, notamment Décan pour piano et ensemble instrumental…de même Le Chêne de lumière entendu sous la direction de Jean-Jacques Werner, œuvre très ample, profonde et, comme toujours empreinte de votre sceau expressif. » En 1987, Henri Dutilleux remarquait déjà dans cette musique « …la liberté de langage, l’économie de matériaux dans l’ordre thématique, la souplesse d’écriture pianistique, aussi le foisonnement sonore. » Vingt ans plus tard le catalogue s’est enrichi d’un nombre de pages conséquent, témoignant, jusque dans les derniers jours du musicien, d’une fidélité sans faille aux idéaux de sa jeunesse.
Alexis Galpérine
(Extrait de la préface du catalogue des œuvres d’André David Ed. Delatour)
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