02 décembre 2008


Soumensac montre l'exemple



Le magazine allemand Stern (tirage 1 million d'exemplaires) a publié le 27 novembre 2008 un article (de Bert Gamerschlag) citant en exemple le marché des producteurs de Soumensac. Pour lire l'article en allemand cliquez sur chaque photo de page qui s'agrandira, pour les autres lecteurs voir la traduction ci-dessous.































La belle vie à la campagne

(traduction Stéphanie et Yves Souron)

Les marchés fermiers sont un symbole d’art de vivre français. Comme par exemple celui de Soumensac, un petit village en bordure du Périgord. Pourquoi une chose pareille n’existe t-elle pas chez nous en Allemagne?

Cinq mètres, c’est le chemin qui vous sépare du bonheur, entre le stand et la table. Et voilà qu’on tient une délicieuse brochette dans la main, on n’en croit pas son palais ! C’est pourtant tout à fait normal - pour les Français en tout cas. D’abord une tranche de magret de canard juteux, salé et sucré à la fois, tendre et résistant en même temps. Et puis un pruneau mi-cuit - violet-noir, crémeux, mûr et fruité. Et enfin une bouchée de foie gras, oh mon Dieu ! C’est, certes, un pêché calorique mais c’est tellement agréable.

On mâche, on avale et puis on se désaltère avec le rosé du vignoble de Soumensac. Et tandis qu’on finit lentement son assiette, les pensées vaquent déjà sur le chemin de retour au bonheur, entre la table et les stands : cinq, six, sept mètres – il y en a tant ! Que va-t-on manger maintenant ? Un quart de pintade grillé (à cinq euro) ? Une brochette de poisson au citron (à cinq euros) ? Des escargots à la bourguignonne (á cinq euros)? Du saucisson de canard (à trois euros) ? De la lamproie aux oignons et au vin rouge (à six euros) ? Des petits poissons frits (à six euros) ? Cela dépend aussi de tous les autres gourmands qui sont déjà là et qui nous tapent sur l’épaule en disant : « Ça alors mon gars, c’est bon tout ça ! Goûte aussi les tartelettes aux framboises. Mais avant tout, prends un peu de pain et de ce fromage-là ! »


« Oui, bien sûr », « d’accord » et « pourquoi pas ? ». C’est un peu difficile quand on ne parle pas très bien le français, qu’on en saisit seulement une partie. Parce que les Français, parlent comme des moulins à paroles! Ils tapent sur la table avec leurs couteaux, font claquer leur langue et chantent à tue-tête, accompagnés par un joueur d’accordéon qui berce avec ses bras les vieux airs d’autrefois. « La mer », « Le temps des cerises », « Ah, si vous connaissiez ma poule !»
Ce pays de cocagne est ouvert à tous. Et les quelques centaines de personnes qui se déplacent chaque dimanche portent l’image du bonheur gastronomique sur le front. Mon Dieu, un marché gourmand tous les dimanches, ça pourrait se faire aussi chez nous ! Dans la région de l’Uckermark par exemple ou dans l’Allgäu. N’y a-t-il personne qui se porterait volontaire pour organiser une telle entreprise? Soumensac nous montre pourtant comment s’y prendre.
C’est un coin perdu au sud-ouest de la France. Rien de bien extraordinaire. Il n’y a pas de plage, de montagne, de vallée, de lac ni de cascade pour attirer les gens. Donc si ce type de marché fonctionne, il semble que cela devrait fonctionner partout. Dans chaque région, sans grands investissements.
Ce qu’on y trouve, c’est une contrée ancienne, venue à la civilisation, avec des bœufs, du vin et des pruniers. Le village n’a pas d’hôtel, pas de bar, pas de café, ni même une superette, mais on peut y louer des maisons très mignonnes. Et malgré tout cela, toute la région se retrouve ici les dimanches d’été pour un festin abondant. Ils viennent de partout et s’assoient à de longues tables sous les tilleuls pour contempler depuis les hauteurs de Soumensac les alentours de leur région.
Cet enchantement s’appelle « Marché fermier ». On y vend (à la différence de chez nous) des produits déjà cuisinés. C’est une ripaille, « la grande bouffe », et ça peut durer des heures. Jusqu’à ce que tout le monde soit rassasié (et bien sûr aussi désaltéré avec un bon verre de vin) et se retire pour faire une sieste méritée. Car la soirée approche et on veut être en forme pour le prochain repas, « n’est-ce pas » ?

Dès six heures du matin, on voit le maire du village sur son tracteur. Il apporte les tables, déplie les chaises ; puis les marchands arrivent, installent leurs tréteaux et montent leur stand : Le vendeur de légumes, la fromagère, le producteur de foie gras, la marchande de frites. Le rôtisseur met en marche son grill, dispose les volailles sur la broche : de bons poulets élevés en pleine nature ! Monsieur cuit des petits gâteaux épais à la citrouille, Madame des crêpes fines. Un couple Britannique, venu s’installer ici, vend des framboises et des cassis sous forme de tartelette ou en crumble (on prononce ça ici « Krömmböll »). Sans oublier les vignerons locaux bien sûr.
De dix heure à midi, on vend de la marchandise emballée : du pâté, du foie gras, de l’huile aux pruneaux, du poulet farci crû (sans les pattes, roulé et emballé sous vide), du fromage, de la confiture, du gâteau, du pain bien sûr, de la salade, des fruits et des légumes, tout ça en qualité bio. On emmène vite les marchandises au frigo et à midi on est de retour pour s’asseoir à une table avec son tire-bouchon, ses verres, ses assiettes et ses couverts et pour enfin savourer. Ah, la belle vie !

Tout se passe sous le parrainage de la Chambre d’Agriculture, avec une Charte qui fixe des normes de qualité. Si on veut participer, il faut signer cette Charte. Le comité du marché fermier choisit les producteurs ainsi que leur emplacement, et répartit les rôles (installations du marché, nettoyage…). À la fin de la saison on fait le bilan : Qu’est-ce qui a marché, comment on peut améliorer les choses l’année suivante ? Seuls les producteurs sont acceptés, les commerçants qui achètent en grande surface et revendent ne peuvent pas participer.

Parce que les entreprises de ces producteurs sont trop petites pour exporter, le « Stern » a fait des achats pour vous à Soumensac et a composé un panier gourmand, qui rassemble les goûts du marché d’été de Soumensac … au moins en partie ... Le contenu cadre bien avec Noël, mais toutes ces choses pourront se conserver facilement plus longtemps. Chaque panier contient six produits : Une bouteille d’huile aux pruneaux qui sent la pâte d’amandes et avec laquelle on peut réussir des vinaigrettes inoubliables. 500 grammes de prunes mi-cuites (qui n’ont rien à voir avec ces prunes séchées allemandes que l’on mange contre la constipation intestinale). « Mi-cuit » veut dire que la prune est passée quelque temps au four pour concentrer les arômes. Elle peut se conserver longtemps sans être coriace ni sèche. 200 grammes de foie gras de canard en conserve (les Français le mangent souvent de cette façon). Trois bouteilles de vin rouge du vignoble bio « Mouthes Le Bihan » situé au pied de la colline de Soumensac, dont une 2006 « Viellefont » et deux de qualité supérieure 2006 « Les apprentis ». Comme il s’agit de petits producteurs, le nombre de paniers est restreint : Nous avons 600 paniers à 99 Euros, tout compris. Sur le web (www.stern.de/foodplus), vous trouverez des recettes pour cuisiner les prunes, ainsi qu’une vinaigrette à l’huile aux prunes, une proposition pour la présentation du foie gras et une description des vins.

On peut venir au marché de Soumensac pour quelques heures ou pour y passer ses vacances, mais cela demande au moins une semaine – avec location d’une maison. Il y en a quatre très mignonnes.

Bert Gamerschlag

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