23 avril 2012

Le vote Le Pen en zone rurale : l'exemple de Soumensac


Résultat bureau de SOUMENSAC

Source de l'illustration : Le Figaro.fr


Analyse d'un scrutin dans une France rurale profonde
Le vote Le Pen ne progresse pas seulement dans les cités minières abandonnées ou les banlieues lointaines des grandes villes.
Qui se souvient qu'en 1974, Le Pen faisait une voix aux élections présidentielles à Soumensac dans le Lot et garonne ! C'était le bon temps. On sortait juste des trente glorieuses. La génération issue de la guerre venait de se mettre au travail. Le meilleur était derrière nous. On venait de s'amuser en mai 68 et on ne se préoccupait pas encore de quoi l'avenir serait fait.
Depuis cette date, le Front National a sans arrêt grimpé. Aux élections de 2002 Le Pen plus Mégret faisait 18,9 %. En 2007 l'ensemble Le Pen-Nihous-de Villiers faisait 19,7%. Aujourd'hui Marine Le Pen, seule représentante de l'extrême droite, totalise 21, 8 % des voix gagnant encore 2 point par rapport à son père. Un montée régulière, inexorable, même si Soumensac n'a pas connu la vague Le Pen qui vient de submerger le reste de la France. Cela fait en effet plusieurs année qu'elle est déjà passée, cette vague, et qu'elle grossit à chaque scrutin sur ces coteaux du Dropt. Cette année à Saint-Sernin de Duras, le vote Le Pen atteint presque 35%.
Sarkozy en 2007 n'avait pas réussi à pomper beaucoup de voix d'extrême droite puisqu'il ne totalisait que 33,8 %. En 5 ans il a perdu plus de 6 points qui se sont pour l'essentiel réfugiés dans l'abstention qui est passée à 20,1 % alors qu'elle n'était que de 13, 3 % en 2007

Commentaire
Les raisons sont complexes à analyser. La crise est passée par là. L'immigration et la violence ne peuvent être avancées comme raisons objectives dans ce Haut Pays Agenais, pour favoriser une droite autoritaire. Même si, en l'absence d'étrangers (je ne compte pas les anglais !), le discours xenophobe prend facilement lorsque la conjoncture économique s'y prête. C'est un bouc émissaire facile. Il y a des antisémites au Japon où on n'a jamais vu un juif !
D'autres causes moins fantasmatiques sont à rechercher : vieillissement de la population qui pousse à un vote conservateur (le Lot et Garonne est un des départements les plus vieux de France), exode rural qui n'apporte plus aux enfants partis les satisfactions financières qu'ils en attendaient, difficultés de l'agriculture, de la viticulture, de la pruniculture, dépeuplement et abandon des services publics. C'est le désarroi d'une population en manque de projets.
Ce ne sont pas des fascistes, des terroristes d'exrême droite, mais des populations qui se sentent abandonnées. Deux occasions ont fait cette population se détourner un peu plus de Sarkozy pour aller renforcer le vote protestataire : Jean Sarkozy que le Président tente de nommer à la tête de l'établissement public de la Défenses lui qui n'a même pas terminé sa 2éme année de droit (alors qu'on se tue à expliquer à nos enfants qu'il faut travailler, faire des études pour avoir un emploi demain) et Mme Betancourt, multi-milliardaire à qui on rembourse des dizaines de millions d'impôt. Cela a choqué profondément.

Un espoir
Il faut redonner espoir à nos citoyens, non pas leur proposer de dénoncer l'autre, de chasser celui qui soit-disant toucherait un peu plus, vivrait un peu mieux. Il faut leur montrer que la jeunesse, leur jeunesse, leurs petits-enfants ont une chance de vivre mieux dans un monde apaisé. Ce sont lers petits-enfants, les femmes qu'il faut convaincre en premier. Ils ne peuvent pas vouloir d'un monde qui exclut, qui dénonce.

Le candidat qui met la justice fiscale, la jeunesse, au coeur de son projet, dans une Europe dont il est seul capable de relancer la croissance peut redonner espoir. F. Hollande vient de la Corrèze, d'une zone rurale comme le Lot et Garonne. Il comprend nos difficultés, celle de l'agriculture, de l'emploi, des services publics qui disparaissent. Il saura nous protéger. F. Hollande est le candidat de la ruralité car on la comprend mieux à Tulle qu'à Neuilly !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Nous sommes désemparés face aux 22 % du front national à soumensac (st-Sernin bat le record!) !!!!! nous avons envie de dire que nous sommes entourés d'inconscients, l'histoire a été vite oubliée !!!
A très bientôt

Anonyme a dit…

Simplement pour vous dire que, même si nous ne sommes pas très participants, nous vous admirons pour toutes les contributions à la communauté que vous faites. Le blogspot est vraiment magnifique, clair et direct.

Anonyme a dit…

Un sentiment de tristesse et une envie d’agir

Un peu abasourdie par le score du Front national dans les communes rurales de notre département qui connut pourtant une tradition radical- socialiste.
« Et si nous repartions à la République Dominicaine ? »me demande Francis en rentrant du dépouillement de Duras.
L’humour envers et contre tout.
Ce matin, j’ai compris l’envie de démissionner de ce maire d’une petite commune sarthoise où Marine Le Pen est arrivée en première position. Il témoignait sur France Inter.
Point d’immigrés ni de délinquance dans sa commune.
Mais nous avons un président qui n’a peur de rien et qui est prêt à tout et surtout au pire.
Des digues ont sauté et le mal est fait.
N’oublions pas la part d’irrationnel dans un vote. Distiller la peur de l’Autre, la peur de la différence, ça rapporte. Le savoir et la connaissance n’ont plus leur place.
Alors qu’allons nous faire ?
D’abord nous retrouver et se mettre au travail après le 06 Mai.
« Penser global, agir local »
Un dernier conseil : écoutez « La balade des gens qui sont nés quelque part »
Brassens au cimetière de Sète doit se retourner dans sa tombe.

Mathilde BOEUF

Jacques a dit…

Non Mathilde, les électeurs Front National du Lot et Garonne ne sont pas mûs par une idéologie d'extrême droite ; Sarko et le Pen oui. Non il ne faut pas attendre le 6 mai, c'est dès maintenant qu'il faut agir. Interpeller les femmes de ces électeurs, leurs petits-enfants, leur dire que les jeunes ne veulent pas d'une société qui exclut rejette. Leur dire que Hollande a justement placé les jeunes au coeur de son projet, que relancer la croissance en Europe, c'est possible, les lignes commencent même à bouger, qu'il y a un avenir. Ne nous lamentons pas. Agissons. Il reste 12 jours.