12 mai 2009

Enterrement de Mariens Borcy

La cérémonie aura lieu
mercredi 13 mai à 15h00
Eglise de Soumensac.


MARIENS BORCY

Il portait haut ce beau prénom si typique de la région : MARIENS. Il était attaché à sa terre à ses vignes qu’il soignait avec amour. Ce beau métier de viticulteur il l’a pratiqué avec talent toute sa vie. Il y a peu encore il vérifiait l’attache des astes. Mais il était aussi beaucoup plus que cela MARIENS.

Né il y a 85 ans au Fougueyrat, à côté de Roche et de sa célèbre "pierre du diable", MARIENS était aussi à sa façon un savant préhistorien. Ses connaissances en ce domaine étaient vastes et précises. Souvent, il parcourait la région faisant découvrir à des Universitaires ou de simples amis, des tumulus, des mottes, des restes d’habitat préhistorique. Il fallait l’entendre parler de ces cailloux qui soudainement prenaient corps sous sa voix chaude. Nous sommes plusieurs à l’avoir accompagné. Des chercheurs l’ont remercié pour la part précieuse que leurs travaux lui devaient.
Son intérêt pour l’histoire le portait aussi vers des périodes plus récentes. Personne mieux que lui ne connaissait Soumensac et son histoire. Il fallait l’entendre décrire la forteresse, l’entrée du pont-levis qui s’érigeait au bout de la rue. Là encore, on vivait avec les bâtisseurs du château-fort, on lisait le village à l’écouter.
Lors de la restauration de l’église, il fit des fouilles pour rechercher les vestiges de l’ancienne chapelle et de sa porte d’entrée. Enfin il procéda à l’érection du nouvel autel, aidant à trouver ces énormes meules et à les installer.

MARIENS BORCY, était aussi un homme engagé. Dès son plus jeune âge, il parcourt la campagne sur sa bicyclette, portant les ordres du réseau Buckmaster, réseau d’exfiltration d’aviateurs anglais vers l’Espagne, ou réceptionnant les parachutages nécessaires à l’approvisionnement des maquis, parachutages qui furent nombreux à partir du printemps 1944. Dans les containeurs étaient les armes qui permirent les attaques contre la poudrerie de Bergerac auxquelles il participa. On sait que ces actions obligèrent les allemands à fixer dans la région des troupes qui leur feront défauts sur d’autres fronts de l’Atlantique à la Manche. Là encore il fallait l’entendre évoquer Bergeret, Philippe de Guinzbourg et d’autres chefs du maquis qu’il a bien connus*.
Cet engagement ne s’est pas arrêté à cette période historique et glorieuse. Après la guerre, il a participé à la vie de la commune, en étant membre du Conseil Municipal pendant longtemps et en jouant un rôle actif dans les mouvements associatifs paysans et de protection de l’environnement. Son action était fine, intelligente parfois paradoxale. Par exemple, lui qui n’était pas chasseur avait créé la première société de chasse de Soumensac, comprenant tout l’intérêt que cette activité soit organisée pour la protection de la nature justement. Plus modestement, jusqu’à ses derniers instants, il continuait à apporter sa contribution en s’occupant des relevés météo qu'il envoyait scrupuleusement au service compétent.

Enfin, c’était un homme chaleureux et plein d’humour, toujours prêt à faire partager ses idées, ses enseignements, mais aussi sa bonne humeur et sa table : jadis avec Aurore, sa mère, toujours avec Angèle ou Marie-Ange. On sait le bonheur que lui procuraient ses petits-enfants. Soumensac a perdu un Honnête Homme.

*cet épisode de sa vie a été relaté dans un article du blog que vous pourrez trouver sous le libellé Résistance ci-dessous.

1 commentaire:

François GIRON a dit…

Il est très émouvant, la veille des obsèques de Mariens, de lire de Paris ce mardi 12 mai 2009, un aussi bel et pertinent hommage de cet "Honnête Homme reconnu" qui passait tout simplement pour mes enfants pour le légendaire "pépé Tracteur" de Soumensac...

Derrière son traditionnel "Patim patam" exprimant un regard libre, perçant et malicieux sur les "choses" du monde, sous sa moustache toujours scrupuleusement taillée et régulièrement lustrée, volontiers bourrue mais toujours accueillante et souriante, sommeillait en toute athenticité une véritable mais très contagieuse passion.


Mariens, enraciné dans cette terre qu'il ne quittait pas, savait la décrypter comme personne depuis les temps préhistoriques. A la moindre occasion, il la révélait en permanence et patiemment aux "couillons de la lune" (comme disait sa mère) que nous restons .... depuis 35 ans!

Pour nous tous, depuis toujours et à jamais, Mariens restera un monument de Soumensac....

François, Claudine et les enfants Giron