27 juin 2012

le Front National en milieu rural (suite)


Dans son entretien de RUE 89 Pierre Rosanvallon analyse la montée du FN. Cela correspond assez bien à ce que le duraquois a connu lors des dernières élections

"le Front national n’est pas simplement le reflet d’une géographie des problèmes sociaux ou de l’immigration. Il est le produit d’un imaginaire de l’identité sociale. On peut assez bien appliquer à la compréhension du vote pour le FN ce que les sociologues ont dit du déclassement : la question n’est pas seulement la mesure du déclassement en France, mais la compréhension de la peur du déclassement. Pour le Front national,c’est la même chose. Le vote du Front national, c’est un imaginaire du déclin de l’identité, c’est un imaginaire de la menace de l’immigration, c’est un imaginaire de la destruction du monde social par les élites... Si l’on regarde là où le Front national fait ses plus grands scores, ce n’est pas là où il y a le plus d’immigrés.
Ce que montre le vote, c’est une nouvelle géographie de la politique française. Avec un écart qui se creuse entre les métropoles et l’arrière-pays. Ces métropoles sont de plus en plus ouvertes sur le monde, elles sont très metissées, beaucoup plus à gauche ; le pays qui n’est pas dans la situation de métropole, lui, n’accepte pas la situation. Il vit la désindustrialisation, la peur de l’avenir, la peur du choc de l’immigration...
"Ce qu’ont montré les élections de 2012, c’est beaucoup plus une recomposition du territoire qu’une recomposition sociale à proprement parler. Cette question du territoire, avec ces éléments de fracture, devient centrale pour analyser la société française.
Le progrès du FN n’est pas lié à un changement idéologique. Il correspond à une recomposition du territoire, elle-même à la base d’une nouvelle perception de l’avenir, de la société... Et ce phénomène est durablement devant nous. Il n’est pas français : il touche toutes les sociétés industrielles avancées.

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